Un lieu chargé d'histoire

L'Histoire de la Maison des Planchettes

Quelques notes d’histoire sur le grand Séminaire de Saint-Flour des origines à nos jours… Ces quelques notes d’histoire sont destinées à vous tous, touristes, voyageurs, conférenciers, congressistes, prêtres en quête d’air pur et de calme propice au recueillement, curieux sans doute de mieux connaître le vaste et agréable bâtiment qui vous héberge et qui fut pendant trois siècles le Grand Séminaire de Saint-Flour.

La Fondation du Grand Séminaire de Saint-Flour

Le diocèse de Saint-flour fut crée en 1317 par le pape Jean XXII, en démantelant celui de Clermont jugé trop étendu. Mais plus de 300 ans s’écoulèrent avant que la formation des prêtres fut assurée dans un grand séminaire.
Jusqu’au XVIIe siècle la préparation du clergé laissa beaucoup à désirer : si les ordres religieux formaient leurs futurs membres dans leurs écoles monacales et leurs universités, si le haut clergé d’Auvergne, recruté dans la noblesse et la bourgeoisie, se préparait en suivant les cours de « grammaire » et de théologie dans les universités de Montpellier, de Toulouse ou de Paris, les prêtres de campagne recevaient une formation rudimentaire chez les curés de paroisses qui leur apprenaient quelques éléments de latin et de théologie et leur inculquaient les notions élémentaires de liturgie, bref le strict nécessaire pour dire la messe, confesser, baptiser, enterrer leurs ouailles, tenir les comptes de leur église, ils subissaient ensuite un examen sommaire devant l’archidiacre et se voyaient conférer les ordres dans leur paroisse par l’évêque lors de sa tournée pastorale. Trés nombreux, ces prêtres n’obtenaient pas tous un titre curial et formaient alors une communauté de « prêtres filleuls » ou « prêtres de la table » vivaient souvent dans leur famille, ne relevaient d’aucun supérieur immédiat et se partageaient les revenus des fondateurs et chapelleries dont ils assuraient les services.
Il fallut attendre 1563 pour que le Concile de Trente, conscient des lacunes, des erreurs et des abus inhérents à ce système déficient, fit obligation  » à toutes les églises, cathédrales, c’est-à-dire aux évêques et aux chapitres, d’assurer d’une façon permanente le recrutement du clergé pour tout le diocèse par la fondation près de l’église d’un collège spéciale ou séminaire ». Pourtant, cette institution si nécessaire n’entra vraiment dans la pratique que cent ans plus tard. Jacques de Montrouge, évêque de Saint-Flour (1647-1664), fonda le séminaire à la fin de 1650 ou au commencement de 1651, avec l’aide des Sulpiciens, MM. Eymère et Planat, spécialistes en la matière.

Le Séminaire Royal de "L'Ermitage de Notre Dame"

Il porta d’abord ce nom parcequ’il avait était reconnu en1653 par lettres patentes du Roi Louis XIV et qu’il était situé à côté d’un petit oratoire dédié à la Sainte Vierge et appelée « l’ermitage de Notre-Dame ». La première maison occupait donc à peu près l’emplacement de la chapelle actuelle, à l’angle formé par la rencontre de la rue des Planchettes et de celle du Tuile, endroit remarquable par son exposition au midi, à l’abri des « écirs », en bordure de la seule grande voie d’accès à la ville et en face du réputé « Hôtel de la Couronne » où, selon la tradition se serait arrêter CharlesVII en 1437 avant de franchir la porte du Tuile. Les fondations et les soubassements de la maison primitive, agrandie quelques années plus tard, se voient encore dans le terrain vague à l’Est de l’abside et de la chapelle ainsi que les deux portes ouvrant sur la rue. La direction en fut confiée à deux prêtres du diocèse : le chanoine Delors et M. Crozat.
Jacques de Montrouge, transféré en 1664 à l’évêché de Rodez, mourut cette année-là, non sans avoir légué ses 565 livres à la direction du séminaire et tous les ouvrages de la bibliothèque.

La Direction du Séminaire confiée aux Lazaristes

A partir de 1674, le nouvel évêque, Hierosme de la Mothe Houdancourt (1664-1693), préféra confier la direction du Séminaire aux Pères Lazariste. Par acte du 30 janvier, confirmé en septembre par des lettres patentes du Roi, il la leur concédait et ordonnait « qu’à l’avenir toute personne aspirant aux ordres, de quelque qualité qu’elles soient, se retireront dans ledit lieu du Séminaire pour être instruites des choses nécessaires à la vocation, sans qu’ils puissent prendre aucune ordination si ce n’est par cette voie »
M. Nicolas Pierron, premier supérieur Lazariste, arriva en février 1674 à Saint-Flour, avec deux prêtres et deux frères de la Congrégation de la Mission. Ces nouveaux directeurs s’installèrent dans le Séminaire primitif, à l’Est de la chapelle actuelle, le long de la rue du Tuile-Haut et s’efforcèrent de l’adapter à sa nouvelle destination.

Le Séminaire à la fin du XVIIème Siècle

Les revenus de 1 200 livres, imposées sur les bénéfices du diocèse, se révélèrent insuffisants, pour améliorer et meubler le bâtiment. En 1673, deux généreux vicaires généraux, MM. Chomel et Pastour, firent des dons importants en sa faveur : le premier lui offrit 15 000 livres plus une rente annuelle de 2 383 livres sa vie durant ; le second, 500 livres de rente constituée sur le Séminaire de Saint-Charles des Lazaristes. Réunie par l’Evêque, l’assemblée du clergé de Saint-Flour vota une contribution le 5 juin 1675. Le 23 mars1678, Monseigneur de la Mothe Houdancourt unit au séminaire le prieuré simple de Talizat pour « l’entretien de la maison et de l’église dudit Séminaire », aux revenus annuels évalués à 3 000 livres 1689. Pendant près de 80 ans (1691 à 1760) la règle pour la formation des prêtres ne varia pas : tonsure à l’âge de12 ans, deux de philosophie dans un collège, séjour de six mois au Séminaire en qualité d’externes pour les candidats au sous-diaconat âgés de 23 ans au moins et préparation aux ordinations.
Sous le long épiscopat de Monseigneur d’Estaing (1693-1742) le second supérieur, Claude Mourguet, acheta pour la somme de 500 livres la maison Coutel, « confrontant d’Orient et de Midi la maison et basse court dudit séminaire ». Plus tard sera construit à cet emplacement le bâtiment d’angle où est logée la remarquable bibliothèque.

Monseigneur Paul de Ribeyre (1742-1776)

Grand bienfaiteur de la ville, Monseigneur Paul de Ribeyre ne manqua pas de s’intéresser à son Séminaire qu’il voulut plus vaste, plus dégagé et plus aéré. Il donna 50 000 livres qui s’ajoutèrent au 50 000 livres offertes par le supérieur des Lazaristes, M. Antoine Magninet, pour acheter les jardins, prés et maisons compris dans le quadrilatère formé par la jonction de la rue du Tuile, de la rue des Planchettes, du chemin de Fridières et de la ruelle reliant ce dernier à la rue des planchettes qui disparut au cours du XIXe siècle, et pour édifier la maison monumentale actuelle sur le modèle de celle de Saint-Lazare à Paris. Les travaux durèrent de 1752 à 1762. Les pierres de tailles provenaient des carrières de Bouzentès, de Murat. Des puits et quatre citernes assurèrent l’approvisionnement en eau. A l’Ouest du bâtiment central, on construit la conciergerie et les communs avec porte cochère. La chapelle, blottie entre le Séminaire et les maisons de la rue du Tuile-Haut, fut consacrée en 1762 par l’évêque qui avait déboursé 15 000 livres pour son érection. Le magnifique édifice était achevé et, sur la façade Ouest de la chapelle, dans le marbre blanc, sur celle de la porte d’entrée dans la lave d’Auvergne, le Prélat fit graver ses armes :

D’azur à la fasce ondée d’argent
accompagnée de trois canes de même,
becquetées et membrées de gueule,
deux en chefs et une en pointe.

Les statuts synodaux de Monseigneur de Ribeyre améliorèrent la formation du clergé et transformèrent l’anciènne discipline du Séminaire :le jeune tonsuré devait être âgé de 14 ans au moins et avoir fourni un certificat d’aptitude à l’état ecclésiastique délivré par son curé ; deux ans de théologie au collège, sanctionnés par des examens, étaient exigés pour accéder au sous-diaconat ; neuf mois et demi d’internat au Séminaire et plusieurs retraites précédaient l’ordination des nouveaux prêtres.

Trente ans plus tard, la Révolution

Suivant les directives de leur évêque, Monseigneur de Ruffo, professeurs et séminaristes, au nombre de 80 à 100, refusèrent tous de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé. Le 23 janvier 1791ils durent vider les lieux. L’établissement devint successivement Séminaire de l’évêque constitutionnel Thibault, dépôt de salpêtre et de poudre, école centrale du département.
Une expertise du Grand Séminaire désaffecté, réalisée le 15 floréal an IV, est le document le plus évocateur de son état au moment de la Révolution. La distribution des différentes pièces n’a guère changé depuis : à gauche de la porte cochère, un lieu commun, une petite écurie, un grenier à foin et un cellier ; à droite, le logement du portier attenant à une grande remise ; au rez-de-chaussée du bâtiment à trois étages, un vestibule, un grand escalier, deux grandes salles voûtées, deux cuisines avec leurs dépendances, une boulangerie… ; au premier, deux avant-chambres et vingt-huit chambres desservies par un corridor ; au second, un autre corridor, autant de chambres, deux bibliothèques, un parloir et lieu commun ; au troisième, un autre corridor, trente-deux chambres, un lieu commun et des greniers à « bled ». En arrière, une cour et une « église » ; au-devant d’une vaste cour, trois jardins en terrasses et un colombier. Le tout, en très bon état, évalué par les experts à la somme de 100 000 francs.

Le Grand Séminaire au XIXème Siècle

Un décret impérial du 1er février 1803 mit les bâtiments à la disposition de Monseigneur Belmont, évêque de Saint-Flour. Le Séminaire fut dirigé tour à tour par les Sulpiciens (18036-1811), par un personnel de prêtres diocésains (1811-1815), de nouveau par les Sulpiciens (1815-1820), enfin par les Lazaristes (1820-1903) rappelés par Monseigneur de Salamon.
Ces derniers donnèrent au Séminaire des maîtres éminents, au Cantal un clergé instruit, au pays des évêques et même deux saints : Saint Jean Gabriel Perboyre et le bienheureux Berthieu.

À partir de 1903, une nouvelle tempête secoua le Séminaire. Les Lazaristes durent partir et furent remplacés par six prêtres du diocèse, dont MM. Saliège, futur Cardinal-Archevêque de Toulouse, et Brunhes, plus tard évêque de Montpellier. Puis, sous le coup de la loi de la séparation de 1906, le samedi 15 décembre, ordre fut donné au directeurs et séminaristes d’évacuer les lieux. Pendant sept ans, « l’école de théologie » s’installa tant bien que mal dans la maison des Missionnaires, Montée des Roches. La municipalité discuta longtemps pour décider si on allait vendre le Grand Séminaire ou le transformer en hôpital ou en caserne. Finalement, le 29 mai 1913, à la sous-préfecture, les bâtiments furent vendus aux enchères et acquis par M. le Chanoine Fleuret, originaire du Cantal et Curé de St-Philippe-du-Roule, pour la somme de 48 000 francs. Il les remit aussitôt à Monseigneur Lecoeur qui les rendit à leur destination première. La vie des séminaristes reprit, troublée par deux guerres et des bouleversements sociaux, le Grand Séminaire fut même réquisitionné en juin 1944 par les troupes allemandes.

Ébranlé parfois, mais jamais abattu par les vicissitudes de la vie, le Grand Séminaire devait succomber au plus imprévisible des dangers : le tarissement des vocations sacerdotales.

1959 : la porte se ferma sur les talons des derniers séminaristes qui iraient désormais se préparer au sacerdoce dans les locaux du séminaire de Clermont.

Qu’allait-on faire de ces vastes bâtiments considérés à juste titre comme parmi les plus anciens et les plus remarquables de la cité épiscopale ?

Pour les sauver de la ruine, il fallait rentabiliser cet ensemble. Transformés en maison d’accueil, ces bâtiments vous permettent aujourd’hui de bénéficier de leurs installations, tout en vous associant à une œuvre de sauvegarde. Aussi vous disent-ils « merci » en vous promettant un agréable séjour.

P. CHASSANG

Hôtel, restaurant, Saint-Flour, Cantal, Calme, tranquille, Chambre pas cher, familiale, grand, réunion, séminaire, Auvergne, restaurant pas cher, cuisine traditionnelle, locale, bon, nouveau